Ce nom qu'on trouve écrit
Rolley, Roley, Rollet, Rolé et même Roalet et Raulet
(dans l'Est) a une origine assez obscure. Il paraît venir du
nom nordique Rollon assez répandu après les invasions
Burgondes puis normandes et on le retrouve en Angleterre après
la conquête de guillaume, Rolley, Rasleigh, etc. Cela ne voudrait
d'ailleurs nullement dire que cette famille était venue avec
les envahisseurs mais probablement que le nom avait été
adopté par une famille autochtone qui le trouvait plus relevé
que les noms locaux (1).
On peut encore discerner
comme origine possible la racine latine Robur (Quercus sessiliflora
- chêne rouvre) ayant donné Roboratum, Roboretum d'où
Roule, Rouvre, Reullée, Rolle, Reure, Rouvray, etc. (Déléage
Page 751). La famille aurait pris le nom du lieu habité avec
le suffixe latin acum. ac qui a donné en Bourgogne y, ey, et.
L'orthographe Rolley est
spécifiquement Bourguignonne : Dauzat (Evolution., des noms
de personnes) pense que l'y final a souvent été mis
par mode, "pour la belle scripture". Victor Petit dans les
"Villes et Villages de l'Avallonnais" page 142 veut y voir
l'influence anglaise car les armées du roi d'Angleterre séjournèrent
longtemps dans l'Avallonnais pendant la guerre de Cent Ans -notamment
à Guillon (traité de 1360), Le Vault de Lugny, Pontaubert,
etc. Les Anglais et les Grandes Compagnies tinrent pendant près
d'un demi-siècle le château de Pîerre-Pertuis qui
n'est qu'à 6 km de Pontaubert et ne fat repris par Philippe
Le Bon duc de Bourgogne qu'en 1433.
Le berceau de la famille
parait avoir été le village de Vermoiron hameau du Vault
de Lugny mais dès le XVIe et probablement le XVe siècle,
une branche de cette famille était déjà établie
à Avallon.
La première mention du nom qui nous soit parvenue est celle
de Guiot Rolley de Vermoiron qui, en 1426, fut jeté dans le
Cousin du haut du pont de Valloux par un nommé Gauchier Heudelou
du Val de Loigny.
Cet incident nous est connu
par une lettre de "rémission" accordée à
ce dernier par Henri roi de France et d'Angleterre en 1426. Il s'agit
d'Henri VI d'Angleterre qui venait d'être proclamé roi
de France à Paris. Les motifs de cet acte ne nous sont point
connus, mais il ne faut pas oublier qu'on se trouvait alors en pleine
guerre de Cent Ans et que l'Avallonnais qui se trouvait tout à
l'Ouest du Duché de Bourgogne était pillé et
rançonné tantôt par les Anglais et les Armagnacs
tantôt par les Bourguignons eux-mêmes. Le souvenir de
ces calamités était resté si vivace dans le pays
qu'on rapporte qu'en 1870, une vieille paysanne du Morvan apprenant
que les Prussiens avaient pris Avallon, s'écriait "Mon
Dieu ç'au dont les Armagnats qui revennent".
En 1454 sous le règne
de Charles VII la veuve Guyot Rolley (rendue veuve par l'acte de Gauchier
Heudelou) et guillemette sa soeur, furent du nombre des habitants
du Vault qui furent affranchis de toute servitude féodale pour
leurs bons et loyaux services (terriers des Seigneurs du Vault de
Jaucourt).
Dans la chapelle St Roch
de l'Eglise du Vault-de-Lugny côté Nord, on lit sur une
pierre l'inscription suivante :
"L'an Ve XXXVIII (1538)
Jehan Rolley a fait faire cette chapelle en l'honneur de Dieu et de
Notre-Dame et de St Germain et des Saincts et des Sainctes qui sont
dans cette chapelle. Pries Dieu pour les trépassés."
En relevant cette inscription,
Victor Petit dans les *Villes et Campagnes de l'Avallonnais ajoute
*la famille Roley ou Rolley dont il est ici *question était
autrefois une des plus anciennes et des plus riches de la "contrée.
La soeur St Augustin aux Ursulines d'Avallon est la dernière
descendante à la 13e génération de cette famille"
(Branche d'Avallon).
En 1609 il existait à
Vermoiron la rue des Rolley.
Les premiers registres
d'Etat Civil d'Avallon ne remontant - et pour les naissances seulement
- qu'en 1558 et ceux du Vault-de-Lugny qu'au milieu du XVIIème
siècle, il nous a été impossible de déterminer
la date de la fixation des Rolley à Avallon. En 1558 il y avait
au moins déjà une famille, celle de Gabriel Rolley né
vers 1525 et qui eut 5 enfants. L'aîné Jacques eut lui-même
3 enfants : Georges Jean et Anne. Ce Jacques devait déjà
avoir une situation fort aisée puisque les parrains de son
fils Jean né le 21-4-1583, étaient les vénérables
Lazarre Morot doyen et chanoine et Pierre Musnier doyen official du
chapitre de St-Lazarre. Au 17e siècle nous trouvons toute une
floraison de Rolley mis aussi de Rollet, Rollé, Rolé
à Avallon, ces derniers paraissant être de simples ouvriers.
D'oh viennent-ils ? Nous ne savons pas. Il ne faut pas oublier qu'à
ces époques troublées il y avait un brassage continu
des populations urbaines et rurales : les secondes refluant sur la
ville à chaque menace d'invasion -et elles étaient fréquentes
- tandis qu'à chaque grande épidémie - non moins
fréquentes - les citadins s'enfuyaient dans les campagnes mine
touchées semble-t-il. La pente noire de 1348 fit périr
un tiers des habitants, celle de 1380 à 1390 ne laissa que
94 feux à Avallon et 7 à Cousin. Les pesteux étaient
évacués dans des cabanes en bois construites sur la
Morlande et abandonnée.
Le premier curé
de St Martin d'Avallon (paroisse des Faubourgs) que mentionnent les
registres est messire Antoine Rolley qui administra cette paroisse
de 1607 à 1630. Ce fut lui qui, pour répondre à
un voeu des habitants, installa à Avallon les religieux "Minimes"
qui avaient rendu de grands services durant la peste de 1606. Il sortait
du Vault-de-Lugny. Plus tard un Jean Rolley était notaire à
Avallon de 1742 à 1776, un autre Jacques était architecte
et construisit les bâtiments de l'Hôpital de 1713 à
1727, un autre était Procureur en 1741. En 1804 le Castel d'Etaules
appartenait à Jean Rolley allié aux Gagniards médecine
durant 3 générations à Avallon.
(1) Dès
le Me siècle la presque totalité des noms de baptême
(les seuls en usage) étaient germaniques dans la moitié
nord de la France. Ils avaient été mis à la Mode
par l'aristocratie dirigeante (les France) et adoptés par les
autochtones sans que leur sens réel leur soit connu.
Le francique a cessé d'être parlé et compris en
France au cours du Xe siècle (Hugues Capet ne le comprenait
pas). Les noms de famille ont commencé à se former sous
Philippe Auguste (Alb. Dauzat. Dictionnaire des noms de famille).